Blog.Dec 21, 2023

Renforcer la résilience climatique aux Comores

En novembre 2023, SIWI a facilité une analyse des goulots d'étranglement de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène au niveau national aux Comores. Cette analyse a pour but de soutenir le passage à la résilience climatique dans ce État insulaire.

Aerial view of the Grande Comoro from the airplaneFlying in to Grande Comoro, you see the scale of deforestation

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L’archipel des Comores fait partie des nations qui contribuent le moins au changement climatique à l’échelle mondiale, mais qui souffre le plus de ses effets. L’Union des Comores est l’un des deux seuls pays au monde classés à la fois parmi Les Pays les Moins Développés et parmi Les Petits États Insulaires en Développement. Une visite sur l’île de la Grande Comore vous frappe par la façon dont l’île a été façonnée par le milieu naturel. La roche volcanique sombre limite l’infiltration et les quelques plages de sable restantes sont exploitées pour extraire des matériaux de construction. Sur la Grande Comore, la plus grande des îles, le volcan bouclier Karthala laisse souvent les visiteurs émerveillés par la nature.

Analyse de risque

SIWI s’est rendu aux Comores pour aider la Direction de l’Eau et de l’Assainissement à élaborer un plan d’action résilient au changement climatique. Le travail de SIWI soutient la gouvernance et l’évaluation de la manière dont les décisions sont prises et appliquées à différents niveaux, de la manière dont les acteurs se coordonnent, de qui décide et du montant d’argent disponible.

Nous avons posé la question : que faut-il faire différemment sur des îles où les ménages connaissent de graves pénuries d’eau et ont besoin d’infrastructures face au changement climatique ?

Nous avons examiné la documentation existante sur l’impact des risques sur l’eau et l’assainissement, les ressources en eau et les populations insulaires. L’objectif était de consolider ces informations pour identifier les risques majeurs et évaluer les dangers. Par exemple, où se produisent les inondations, à quelle intensité et à quelle fréquence, et comment elles se comporteront avec le changement climatique.

De plus, qui est touché par les inondations ? Aux Comores, les inondations dans les communautés urbaines côtières les plus denses sont plus sévères qu’à l’intérieur des terres. Mais les bassins versants sont eux-aussi affectés par des glissements de terrain, une érosion importante et une dégradation des sources d’eau.

Une analyse finale a été effectuée sur les revenus des ménages, leurs réseaux de soutien, l’application des normes en matière d’infrastructures et comment cela affecte différemment les femmes et les filles. En combinant ces aspects, nous sommes arrivés dans le pays avec un examen des principaux risques. L’examen a été élaboré avec un petit groupe technique composé de membres de différents ministères.

Les résultats

L’évaluation des risques a identifié les aléas climatiques suivants : inondations, sécheresse, intrusion saline, inondations côtières et cyclones. Les réservoirs de collecte d’eau de pluie sont très vulnérables à une aggravation et une hausse de la fréquence des sécheresses, et les systèmes d’approvisionnement en eau qui ont actuellement de faibles débits ou qui ont du mal à répondre à la demande de la population présentent un score de risque élevé.

En Grande Comore, les puits construits dans l’aquifère volcanique côtier sont menacés par une salinité élevée, et les ménages qui achètent de l’eau sont très vulnérables aux variations de prix et de disponibilité de l’eau en cas de sécheresse.

À Anjouan et à Mohéli, les sources d’eau sont vulnérables à la pollution et à l’envasement lors de cyclones et d’inondations. Lorsque des inondations se produisent à Anjouan et Mohéli, les bassins versants à couverture végétale limitée ou moyenne et aux pentes abruptes sont menacés.

En savoir plus sur WASH-BAT

L'outil d'analyse WASH-BAT permet de développer des plans pour éliminer des goulots d'étranglement qui empêchent le d´veloppement dans le secteur WASH.

Visiter WASHBAT.org
Group discussing the status of a specific climate change riskPhoto: SIWI

Travailler avec les résultats

Les résultats de l’évaluation des risques ont ensuite été utilisés lors d’un atelier multipartite pour établir les principaux risques et identifier des solutions susceptibles d’accroître la résilience. En novembre, l’UNICEF et SIWI ont réuni les principales parties prenantes du secteur WASH et environnement des trois îles. 43 participants ont été répartis en trois groupes : approvisionnement en eau potable en milieu urbain, approvisionnement en eau potable en milieu rural et assainissement. Pour démarrer l’atelier, nous avons déterminé qui est le personnel responsable des différents services, le rôle entre les fournisseurs de service, les consommateurs et le régulateur, comment les gens revendiquent leurs droits et si les politiques correspondent à la réalité.

Ce processus avait pour but de définir les responsabilités, de réfléchir aux différents rôles et d’identifier les lacunes. Ensuite les risques climatiques ont été présentés aux participants, qui les ont classés par ordre de priorité par rapport à ceux qui ont fait le moins de progrès.

Définir les goulots d’étranglement

L’étape suivante consistait à sélectionner les risques climatiques prioritaires et à définir leurs goulots d’étranglement. Nous avons demandé aux participants quelle était la cause du goulot d’étranglement et ce qui pouvait être fait pour y remédier. Par exemple, pour les critères « Il existe des lignes directrices et des spécifications techniques pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique pour les technologies et services d’eau et d’assainissement, élaborées en consultation avec les institutions responsables de leur mise en œuvre. » Ce qui freine cette situation, c’est le manque de compréhension des implications, les difficultés rencontrées pour rassembler les différents acteurs, l’absence de leadership institutionnel clair. Ensuite, la cause de ce problème a été identifiée.

Il est alors possible de lister les activités qui peuvent résoudre le problème. Bien que le processus soit simple, nous lui accordons beaucoup de temps pendant l’atelier. Ce temps est consacré à réflechir sur ce qui doit être amélioré, quels sont les obstacles et les moyens de les éliminer.

La dernière étape

La dernière étape consiste à élaborer un plan d’action pour éliminer chaque goulot d’étranglement un à un, avec des sous-activités détaillées, des budgets et l’attribution des responsabilités selon un calendrier. Il s’agit de plans encore très larges visant à définir une direction. Les besoins spécifiques doivent être définis.

Pour conclure ce solide processus, des membres seniors sont invités et les plans d’action et les défis à relever sont présentés. Il s’agit d’obtenir le soutien politique au processus et de valider les plans d’action proposés. Au cours de cette étape, les projets existants sont e xaminés et, en présence des parties prenantes principales, nous comment ils peuvent s’allier avec leurs plans en cours. Dans le cas des Comores, les plans d’action finaux ont identifié la nécessité d’améliorer la gestion des ressources en eau, de donner la priorité à un système d’alerte précoce et de garantir que les fournisseurs de services d’eau potable soient informés des décrets d´application du Code de l’eau.

 

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